Banc d’Arguin : chaque année, plus de 3,2 millions de tonnes de sable y dérivent, remodelant sans cesse le paysage (chiffres IFREMER 2023). Cette réserve naturelle, créée en 1972 et couvrant désormais 4 500 hectares, abrite 45 % des sternes caugek nichant en France. Étrange ballet : tandis que la Dune du Pilat attirait 2,1 millions de visiteurs en 2023, le Banc reste, lui, un sanctuaire presque secret. L’enjeu ? Concilier fascination et préservation. Voici le guide essentiel, nourri d’observations de terrain, pour comprendre et respecter ce joyau du Bassin d’Arcachon.


Banc d’Arguin : chiffres clés d’un joyau mouvant

Situé entre la passe Sud et le chenal de la Canche, le Banc d’Arguin évolue de 40 mètres vers l’est chaque année. Ce déplacement, mesuré par le SHOM en 2022, illustre la puissance des courants atlantiques.

  • Superficie : 2 000 ha émergés à marée basse, 4 500 ha avec les vasières sous-jacentes.
  • Création de la réserve nationale : Décret du 4 septembre 1972, élargi en 2017.
  • Altitude : de 0 à 6 mètres selon les houles d’équinoxe.
  • Faune emblématique : spatule blanche, avocette élégante, sterne pierregarin.
  • Surveillance : 8 gardes du Parc naturel marin Bassin d’Arcachon (PNM, 2024).

Au loin, le phare du Cap Ferret veille. De notre annexe, j’observe un chapelet d’œufs de gravelot disposés directement sur le sable, preuve que le site reste, malgré la notoriété croissante, une maternité sauvage.

D’un côté… mais de l’autre…

D’un côté, la réserve attire les plaisanciers en quête d’eaux turquoise ; 12 000 débarquements recensés par l’ONF l’été dernier. Mais de l’autre, 18 % des nids ont été écrasés accidentellement en 2023. La cohabitation exige donc une vigilance accrue.


Pourquoi le Banc d’Arguin est-il vital pour la biodiversité du Bassin ?

La question revient souvent sur les quais d’Arcachon : « Pourquoi protéger un simple banc de sable ? »

Qu’est-ce qu’un réservoir écologique dynamique ?

Le Banc agit comme barrière naturelle contre les houles d’ouest, amortissant 35 % de l’énergie des vagues qui menaceraient sinon les parcs ostréicoles. Il sert aussi d’étape migratoire à plus de 300 000 oiseaux par an (comptage LPO 2023). Les herbiers de zostère qui frangent ses eaux stockent jusqu’à 5 tonnes de carbone par hectare — un allié crucial face au réchauffement.

Un rôle socio-économique discret mais réel

• Protection des concessions ostréicoles, enjeu de 5 200 emplois directs dans le Bassin.
• Atout touristique : 28 % des visiteurs de la Dune du Pilat citent le Banc comme motivation secondaire (enquête CDT Gironde 2024).
• Soutien à la pêche artisanale : nurserie pour bars, turbots et soles.


Entre vents et marées, récits et légendes locales

Le vieux marin Jean Guelaguet, figure d’Arcachon, raconte que son grand-père déplaçait déjà ses pieux d’huîtres pour suivre « la langue de sable ». Cette mémoire orale révèle une certitude : ici, tout bouge. En 1916, une tempête ouvrit la « passe Nord » en une nuit, isolant des bergers et leur troupeau de moutons.

Lors d’une sortie crépusculaire en août 2022, j’ai vu la lumière raser le sable et rappeler les toiles d’Odilon Redon, natif du Médoc voisin. Ce soir-là, le silence n’était troublé que par le souffle d’un phoque gris, invité surprise observé pour la première fois depuis dix ans selon le Réseau OBSenMER.


Comment visiter le Banc d’Arguin sans le fragiliser ?

Règles d’or pour un éco-visiteur

  1. Débarquer uniquement dans les zones balisées (bouées jaunes) entre avril et août.
  2. Garder 100 mètres de distance avec les colonies d’oiseaux.
  3. Ne pas cueillir les oyats : ces racines fixent le sable.
  4. Ramener ses déchets, même les biodégradables.

Itinéraire conseillé

• Départ du port de la Test-de-Buch à 9 h.
• Traversée en pinasse traditionnelle (40 min).
• Observation ornithologique encadrée par le PNM.
• Baignade sur la partie sud, plus stable.
• Retour avant la marée haute de 15 h pour éviter l’estran submergé.

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Les amoureux d’expériences douces prolongeront leur séjour par une balade à vélo sur la Vélodyssée ou par une dégustation d’huîtres à Gujan-Mestras, sujets que nous explorons régulièrement.


Face à l’érosion, quelle stratégie d’avenir ?

L’État, la Région Nouvelle-Aquitaine et le Parc naturel marin ont adopté en 2023 un plan de gestion 2023-2028. Objectifs :

  • Renforcer la surveillance par drones lors des pics d’affluence.
  • Restaurer 20 ha d’herbiers de zostère d’ici 2026.
  • Sensibiliser 30 000 plaisanciers via l’application « Bassin Vigilance ».

Certains habitants du Pyla redoutent cependant que ces mesures ne freinent pas l’inexorable avancée de l’océan. Les scientifiques, eux, rappellent que le Banc est voué à se transformer ; l’enjeu est de garantir que la vie y trouve toujours refuge.


L’aube tombe à peine sur Arcachon et déjà, je rêve de la prochaine marée. Si vous sentez l’appel salin, faites-le mien : posez un pied léger sur le Banc d’Arguin, laissez le vent vous conter ses secrets, et revenez partager ici vos trouvailles. Ensemble, cultivons le respect et l’émerveillement qui font la force de ce littoral.